La pandémie de Covid-19 est venu bouleverser le rapport au travail et de nombreux salariés souhaitent désormais trouver un nouvel équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Après le télétravail qui s’est largement instauré durant la pandémie, un mode d’organisation du travail différent de l’ère pré-Covid semble faire son chemin dans plusieurs pays européens. Au Royaume-Uni, 92% des entreprises ayant testé, à titre expérimental, la semaine de 4 jours veulent poursuivre ce mode d’organisation. En Belgique, une loi du 3 octobre 2022 ouvre la possibilité à tous les salariés de bénéficier de la semaine à 4 jours. En France, l’heure est encore à l’expérimentation : le Ministère du travail estime qu’environ 10.000 Français s’essayent actuellement à la semaine de 35 heures en 4 jours. Mais alors, la semaine à 4 jours, est-ce vraiment une bonne idée ? Quels sont les avantages et les désavantages de cette organisation de travail ? Est-ce vraiment possible de la mettre en place au regard de notre droit positif ?
Ce que prévoit le Code du travail aujourd’hui
L’une des réformes les plus importantes de ces trente dernières années en matière de droit du travail a été le passage à la semaine de 35 heures, contre 39 heures à compter du 1er janvier 2002. Cette mesure s’inscrivait dans une prescriptive de progrès social et de création d’emplois.
Aujourd’hui, les choses n’ont pas beaucoup changé en matière de durée de temps de travail. Le Code du travail prévoit que :
- La durée journalière maximale est de 10 heures,
- La durée maximale hebdomadaire est de 48 heures,
- La durée légale du travail est de 35 heures par semaine,
- Le nombre de jours de travail cumulés ne peut être supérieur à six par semaine,
- Le repos dominical est le principe.
En pratique, la semaine à cinq jours, du lundi au vendredi, est largement répandue dans nos entreprises françaises – bien que de nombreuses dérogations existent.
Quelle organisation du temps de travail possible ?
La mise en place de la semaine à quatre jours consiste à travailler 4 jours par semaine au lieu de 5 jours sans perte de salaire. Les modalités de mise en œuvre de la semaine de quatre jours peuvent alors différer selon les moyens, les objectifs et les secteurs d’activité :
- L’entreprise peut décider de réduire le nombre d’heures de travail sur la semaine sans diminuer pour autant les salaires,
- L’entreprise peut faire le choix d’augmenter la durée quotidienne de travail sans réduire la durée de travail hebdomadaire.
Le déploiement de cette mesure peut également varier : il peut s’agir d’un jour fixe de congé par semaine en plus, d’une semaine libre sur cinq, d’une alternance de semaines longues et de semaines courtes, etc.
Si cette organisation semble séduisante, il faut tout de même souligner qu’elle n’est pas adaptable à toutes les professions et qu’elle n’est pas non plus souhaitée par tous les travailleurs. De ce fait, il semble compliquer d’imposer de manière généralisée et par voie légale un tel régime à toutes les entreprises françaises – comme ce fut le cas pour les 35 heures.
Ainsi, il semblerait que la mise en place de ce dispositif devra davantage relever de la négociation collective qui permettra d’adapter les règles du Code du travail aux spécificités de la profession ou du secteur d’activité.
Les bénéfices de la semaine à 4 jours
La semaine à quatre jours semble n’avoir que des avantages et ce, aussi bien du coté du salarié que du coté de l’employeur.
1. Une augmentation de la productivité – travailler moins mais mieux !
Plusieurs études montrent que les salariés travaillant en semaine de quatre jours sont davantage motivés et impliqués. En effet, les salariés se disent moins stressés et fatigués notamment par la diminution des déplacements entre le domicile et le lieu de travail.
2. Un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
Avoir un jour de repos dans la semaine, outre le weekend, permet de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette journée supplémentaire apparait comme être l’occasion d’avoir du temps pour des choses bien souvent mises de côté par la frénésie du quotidien : un rendez-vous médical, une activité sportive, les tâches du quotidien, une vie sociale plus riche…
Cela va de pair avec une réduction du taux d’absentéisme : les salariés pratiquant la semaine de quatre jours seraient davantage préservés contre les maladies liées au stress et au surmenage et le nombre d’arrets maladies serait donc inférieur dans les entreprises ayant expérimenté la semaine de quatre jours.
3. Un gage d’attractivité pour l’entreprise
Cette organisation innovante et tournée vers une prise en compte du bien-être au travail des salariés peut être facteur d’attractivité pour l’entreprise. Si ce mode d’organisation est souhaité par les salariés de l’entreprise, cela peut être un argument fort pour conserver les salariés déjà en poste mais cela peut également permettre d’attirer de nouveaux salariés.
4. Une réduction des couts de fonctionnement de l’entreprise – le point écolo !
Moins de salariés présents dans l’entreprise et / ou moins d’heures de présence totale hebdomadaire découle nécessairement sur une réduction de la facture énergétique de l’entreprise (ordinateurs non allumés, lumières et climatisations éteintes…). Ce peut être un argument de taille, surtout depuis l’entrée en vigueur du plan de sobriété énergétique à la fin 2022, dans lequel les entreprises du numérique, du commerce, du tourisme, de l’artisanat et de l’industrie ont accepté de jouer un rôle.
Réussir la transition vers la semaine de quatre jours
Si l’entreprise pratiquant la semaine à quatre jours apparait comme le nouvel eldorado, l’adoption de ce nouveau mode de travail demeure un chamboulement de taille pour une entreprise et il y a lieu de prendre certaines précautions :
- Réaliser un sondage interne afin de connaitre la position des salariés vis-à-vis du concept de la semaine à quatre jours ;
- Effectuer une veille qui permettra de comprendre les options d’organisation, les difficultés qui peuvent intervenir, les avantages tirés mais également les inconvénients subis par les entreprises pionnières en la matière ;
- Etablir une étude de faisabilité à l’échelle de l’entreprise ;
- Interroger les salariés et les intégrer au process, en développant si nécessaire des organisations différentes selon les postes de travail ;
- Réaliser une expérimentation et mener des bilans réguliers sur des indicateurs phares tels que la productivité, la rentabilité, l’impact sur les clients.
Notre cabinet accompagne les chefs d’entreprises dans toutes les questions relatives à l’organisation du travail et, en amont, dans la mise en place de la semaine à quatre jours.
Maître Margaux LABORDE